Bilan archéologique des abords de l’église
Le projet de réhabilitation de la place de l’église Saint-André et de ses abords a conduit à la réalisation d’un diagnostic archéologique mené par le service d’archéologie départementale.
L’emprise de cette intervention d’une superficie de 2 360 m², qui englobait l’intégralité de la place de l’église, est implantée en plein cœur du village et aux abords directs de l’édifice religieux et du cimetière actuel.
Les investigations ont mis au jour le cimetière qui cernait l’église sur tous ses flancs. Installé à l’époque médiévale, ce dernier a été fréquenté très vraisemblablement jusqu’au moment où les tombes ont été déplacées sur une parcelle voisine au nord de l’édifice, dans le dernier quart du XIXe s. Il y est encore en activité aujourd’hui.
L’emprise de l’espace funéraire semble avoir été très restreinte au Moyen Âge, confinée aux abords directs du bâtiment. Elle s’est ensuite un peu étendue à l’époque moderne, en particulier à l’ouest, tout en étant maintenue sur les secteurs médiévaux, en recoupant les niveaux appartenant à cette période.
Les sépultures médiévales regroupaient des inhumations en fosses en contenant souple et/ou périssable ainsi que des sépultures en coffre de pierres. Nombre d’entre elles étaient encore couvertes de leur couvercle fait de dalles calcaires. Celles d’époque moderne, installées dans des fosses, étaient placées dans des contenants souples et/ou périssables de type cercueil en bois : des clous en métal et des restes de cercueils en bois ont été retrouvés en très grand nombre. Certains individus ont été inhumés avec des objets de parure religieuse, de type médaillons ou croix chrétiennes.
Les quelques vestiges maçonnés mis au jour dans les sondages, replacés dans une perspective d’étude de bâti relativement sommaire, offre une hypothèse d’évolution architecturale de l’église depuis le XIe s. jusqu’à aujourd’hui.
Ainsi, quatre grandes phases ont été déterminées au cours desquelles l’église, d’abord à nef unique et chevet à abside, se voit dotée sur son flanc sud au XIIe s. d’un bras de transept avec une crypte semi-enterrée, qui fera jusqu’à aujourd’hui la caractéristique principale de l’édifice. Un escalier est adjoint à la nef afin d’accéder à la chapelle haute qui surmonte la crypte.
Après avoir été largement détruite au cours des guerres de religion, le chevet est repris pour devenir plat, la façade occidentale de la nef est raccourcie et reconstruite à partir de remplois et la porte du bras de transept est reprise. Les modifications internes sont aussi nombreuses, avec un rabaissement de la chapelle haute, entraînant une importante réorganisation intérieure dont les stigmates sont encore largement visibles aujourd’hui.
Enfin, après le XVIIe s., le chevet est à nouveau repris pour adopter un plan en abside et pour lequel de très nombreux blocs de remploi ont été mobilisés, un bras nord de transept est rajouté et une sacristie est accolée au mur est du bras sud du transept.
L’opération de diagnostic aura ainsi contribué à démêler quelques nœuds historiques concernant l’évolution architecturale de l’église, tout en alimentant, à une échelle plus large, les corpus des caractéristiques architecturales des églises du territoire charentais maritime.
Trézéguet Céline
- Trézéguet, 2018
- Trézéguet C. avec la collaboration de Dieu Y. : Saint-André-de-Lidon «Abords de l’église Saint-André» Les édifices antérieurs et les cimetières médiéval et moderne, rapport de diagnostic archéologique, La Rochelle, SAD de la Charente-Maritime, 2018, 126 p